Udre-Olik

lundi 25 janvier 2016

Beau témoignage sur SOMNAMBULE


Témoignage « Somnambule » - 5 novembre 2015/ St Hilaire du Maine, dans le cadre la la Saison Culturelle de l’Ernée.
Il y a des rêves que l’on fait parfois sans s’en souvenir au réveil, et qui nous reviennent au cours de la journée, ou même des semaines qui suivent, comme si ces rêves s’étaient inscrits dans notre mémoire à notre insu, et qui se manifestent à notre conscience au moment où l’on s’y attend le moins, sous la douche, en voiture, en achetant du pain… Le spectacle « Somnambule » est de l’ordre de ces rêves-là : il me revient régulièrement en mémoire, par flash, et presque chaque fois sans lien évident avec ce que je suis en train de faire à ce moment-là. Il est de ces spectacles qui perdurent.
Je revois Philippe Languille entrer en scène et adresser la parole à son public de la manière la plus simple qui soit. Sans doute parce qu’il ne cherche pas à fabriquer quoi que ce soit au moment de cette prise de parole. Il ne triche pas. Il vient nous parler, tout simplement, à nous qui sommes là, devant lui, à ce moment précis. Et cette simplicité est telle qu’on oublie qu’il s’agit d’un texte écrit, il nous semble que cette parole s’invente au moment même où elle est dite.
Comme dans le monde des rêves, j’ai été emporté par un récit où les lieux et les temporalités se modifient sans même que j’en sois conscient. De la salle de spectacle je me suis retrouvé dans la bibliothèque du comédien, chez son psychanaliste, dans la chambre d’hôpital de son père… Ce comédien-là a la faculté de nous prendre par la main et de nous embarquer avec lui sans aucun effort. 
En y repensant, je crois que « Somnambule » ne parle pas que de somnambulisme, que le fond de ce spectacle est un peu plus vaste. De mon point de vue, il s’agit avant tout d’un homme qui se bat contre sa propre nature. Malgré certains épisodes hilarants, cet homme vit son somnambulisme comme un défaut, une maladie, un poids qu’il subit et fait subir à ses proches. C’est un véritable combat contre une maladie qu’on nous raconte. Et ce combat s’avèrera inutile, il faudra apprendre à déposer les armes. S’il y avait un thème à dégager de se spectacle, ce serait celui d’apprendre à s’accepter soi-même. Et on retrouve ici la magie de toute biographie : on parle d’un homme précis, et en parlant d’une histoire unique on en vient à parler de chacun d’entre nous. Parler de soi pour mieux parler de tous, partir du détail pour toucher à l’universel : c’est ce qui se passe avec « Somnambule ».
Maxime DUBREUIL / Comédien.